lundi 5 mars 2018

Mai 1968 - Mai 2018: 50 ans après

Mai 1968 - Mai 2018 : 50 ans après
Manifestants et forces de l'ordre dans une rues de Paris en Mai 68
Mai 68 est un élan de protestation lancé par les étudiants, puis par des ouvriers contre la société traditionnelle et l'autorité.



Gendarmes Mobiles en mai 68
Par sa durée et son ampleur, ce mouvement a été, dans l’histoire des manifestations sociales françaises, l’une des plus importantes.



Affiche de Mai 68
Le contexte : Début 68, la France arrive à la fin des 30 Glorieuses. Il y a 500.000 demandeurs d’emploi et 2 millions de salariés au salaire minimum qui se sentent exclus de la prospérité de la France. Certains étudiants dénoncent l’austérité morale française, le capitalisme et prônent la libération sexuelle.



Evacuation de la Sorbonne par les forces de l'Ordre le 3 mai 1968
Des membres de l’université de Nanterre vont réagir lors d’arrestations de leurs camarades, suite à une manifestation contre la guerre du Vietnam. Ils vont alors occuper une salle de la Faculté de Lettres de la Sorbonne, en plein centre de Paris. Le recteur décide de fermer la Faculté suite à l’occupation et à des débordements le 2 mai. Le 3 mai, la Police évacue la Sorbonne, arrête quelques étudiants et va repousser les autres à l’extérieur.



Policiers repoussant des étudiants dans le Quartier Latin, à Paris, en mai 68 
Pour les disperser, des policiers vont manier la matraque et bousculer violemment les étudiants à l'extérieur, dans le Quartier Latin.



Manifestants jetant des projectiles en direction de CRS dans une rue de Paris en mai 68
Mais ceux-ci vont réagir: des pavés commencent à pleuvoir sur les forces de l’Ordre.



Forces de l'ordre repoussant des manifestants dans une rue de Paris en mai 68
En réponse, coups de matraque et lancement de grenades lacrymogènes.


Barricade rue d'ilm tout près de l'Ecole Normale Supérieure de Paris en mai 68
Rapidement, des premières barricades se forment aux alentours du Quartier Latin.


Policiers repoussant des manifestants dans une rue de Paris en Mai 68
600 personnes sont arrêtées. Des grèves dans les entreprises vont commencer à se former…


Les Renseignements Généraux ont consigné de nombreuses informations sur ces évènements comme cette note d'un commissaire expliquant le 03 mai 1968: "A 17h16, des manifestants arrivent de la rue Champollion  vers la Sorbonne. Leur nombre est évalué à 1.000. Ils appliquent une technique de harcèlement ponctuée de heurts sévères, mais de courte durée."  

Vous pouvez lire d'autres extraits d'archives, que des journalistes de la revue "L'EXPRESS" ont pu consulter de ces jours, en lisant des rapports quotidiens de commissaires du Quartier Latin, des fiches RG sur l'évacuation de la Sorbonne, des conversations radio des "nuits des barricades"
>>> en cliquant ici <<<


Manifestants dans une rue de Paris en Mai 68
L'un des commentaires d'un commissaire est très clair: "Ces groupes organisés sont extrêmement durs et mobiles et ne sont retenus par aucune considération morale et sociale. (...) Si le courage physique de nos unités comme des autres formations (Gardes mobiles ou CRS engagés) est très grand, notre matériel s'avère toutefois peu adapté à des actions adverses violentes. Il serait utile, sur les grands axes, de disposer de véhicules protégés ne craignant ni la crevaison, ni les obstacles et pouvant abriter la progression à pied."


Nuit du 10 mai 1968 à Paris avec des Forces de l'ordre progressant sur une barricade
Le moment le plus important se déroulera dans la nuit du 10 au 11 mai où des combats de rues vont avoir lieu, toujours dans le Quartier Latin.



Personnes essayant de défaire une barricade pour pouvoir laisser passer un camion
 dans une rue de Paris en Mai 68
A nouveau, des barricades vont être dressées.



Manifestants devant une barricade dans la nuit du 10 au 11 mai 68 dans une rue de Paris
Les étudiants attendant de pieds fermes les forces de police,



Individus préparant des cocktails molotov dans une rue de Paris en Mai 68
et préparant des cocktails molotov....



Fourgon de Police renversé et incendié dans une rue de Paris en Mai 68
Des voitures vont être brulées,



Policier dans une rue de Paris en Mai 68
des rues dépavées,



CRS et camions pompe dans une rue de Paris en mai 68
Il sera fait état au lendemain, par le préfet de Paris, Maurice GRIMAUD,  de 367 blessés (dont plus de 250 du côté des forces de l'ordre), 54 hospitalisés dont 4 étudiants et 18 policiers grièvement atteints. 




 Voitures abimées et calcinées dans une rue de Paris au matin du 11 mai 1968
Il y a eu 460 interpellations et 63 inculpés et déférés à la justice (26 étudiants, 3 lycéens, 34 individus qui ne font pas d'études). 180 voitures furent abimées et une soixantaine calcinées.



Manifestants dans une rue de Lyon en Mai 68
Rapidement une grande partie de l’opinion va prendre faits et causes pour ces étudiants qui manifestent… Le mouvement ouvrier va s’associer avec eux. Une manifestation d’étudiants avec les syndicats aura lieu le 13 mai à Paris, avec plusieurs centaines de milliers de manifestants (800.000 à 900.000 selon les manifestants et entre 190.000 et 210.000 selon la Police), qui fut le plus gros défilé depuis la libération. Une vague de grèves et de manifestations sans précédent va avoir lieu dans toute la France.



Manifestants dans une rue de Bordeaux en Mai 68
La France va être paralysée avec plus de 7 millions de grévistes déclarés. Bloquant ainsi les entreprises de tout ordre en chômage technique. Rapidement des pénuries d’essence auront lieu empêchant toute activité commerciale et industrielle.



Voitures renversées dans une rue de Paris en Mai 68
Cependant à la fin mai, des divergences vont avoir lieu au sein du mouvement de contestation et celui-ci va s'arrêter, mais des changements importants dans la société auront lieu: une augmentation de salaires des ouvriers grâce aux accords de Grenelle, la dissolution en 1968 de l'Assemblée Nationale avec une nouvelle majorité pro-De Gaulle, des bouleversements dans la culture et les domaines économiques et sociaux. Tout cela va entrainer une évolution des mentalités sur le travail, l'environnement, la vie politique et le rôle des femmes.


Gendarmes Mobiles face à des manifestants en Mai 68
Sur le domaine du maintien et du rétablissement de l’ordre, de nombreuses réflexions vont avoir lieu et on peut en voir encore les résultats de nos jours.

Sous ce lien, vous pourrez constater des réflexions sur l'action policière durant cette période de Mai 68:


Réflexions sur l'action policière en mai 68
>>> Cliquez ici <<<


CRS - Mai 1968
Tout d’abord, les méthodes employées avec les effectifs: De nombreuses forces de l’ordre vont être utilisées : des CRS, des Gendarmes Mobiles, des policiers de la Préfecture de Police de Paris, des Policiers municipaux. Ils vont totaliser plus de 7.000 policiers des différents services de la Préfecture de Police de Paris, 3.500 CRS et 6.000 gendarmes sur Paris, qui se relaieront durant toute cette période...

On peut voir maintenant leurs évolutions, leurs moyens et leurs utilisations:


Vue d'une rue de Paris en mai 1968 après des affrontements de la nuit
 Durant plus d'un mois, il y a eu des confrontations, surtout dans la ville de Paris, et qui ont occasionné plus de 2.000 blessés parmi les manifestants, dont 200 graves.

On peut également noté qu'au point de vue nationale durant cette période, le chiffre de 5 morts est avancé, par les chroniqueurs de l'époque, lors d'affrontements avec la Police: 
Un homme le 24 mai 1968 à Paris, un second le 30 mai 1968 dans le Calvados, un troisième le 10 juin 1968 à Meulan dans les Yvelines, et deux hommes le 11 juin 1968 à Sochaux dans le Doubs.


Gendarme Mobile blessé, évacué par 2 de ses camarades dans une rue de Paris en Mai 68
Les Forces de l'Ordre, eux, auront plus de 1.360 blessés dont 460 gendarmes mobiles.


Membres de la CSI de Paris
L'utilisation de la vidéo, que ce soit par le biais de caméras portatives, ou par le biais de drone ou d'hélicoptère, se fait de plus en plus pour filmer les agressions que pourraient commettre des individus.


Gendarmes Mobiles dans une rue de Paris - Mai 1968
Puis sur les moyens pour repousser les manifestants. Certains escadrons de gendarmerie n’auront que leur fusil non armé pour repousser les manifestants...


Membres du CSI de Strasbourg en 2009 lors du sommet de l'OTAN
Maintenant, de nouveaux moyens permettent aussi de repousser les manifestants dangereux, les boucliers, tonfa, ou comme avec le LBD 40 (Lanceur de Balle), que tient le policier, sur cette photo, du CSI de Strasbourg à gauche.



Policier lançant un projectile en Mai 68
Certains utiliseront, en Mai 68, les projectiles lancés par les étudiants pour les relancer vers eux !!!


Gendarmes Mobiles dans une rue de Paris de nos jours
Maintenant, ils se tiennent à distance des manifestants, tout en se protégeant.



Manifestation contre un projet d'aéroport, le 22 février 2012, à Nantes
Les forces de l'ordre utilisent différentes barrières pour contenir les manifestants, comme ici avec ces camions Gendarmerie,





CRS lors d'un entrainement
ou ici, cette barrière CRS qui permet de bloquer une rue et de projeter de l'eau, en toute sécurité, pour repousser des manifestants violents,




CRS lors d'une manifestation à Paris 
ou encore, accrochée sur des véhicules permettant que celles-ci soient mobiles...



Policiers municipaux de la ville de Paris en Tenue Z - Mai 1968
En 1968, des camions pompe DELAHAYE, pour repousser les manifestants, seront utilisés.


Camion Anti émeute des CRS Français
L'utilisation de ce moyen est encore d'actualité,

>>> Cliquez ici <<<



CRS tirant une grenade lacrymogène - Mai 1968
ainsi qu’une grande quantité de gaz lacrymogène…


Gendarme mobile lors d'une manifestation en février 2012 à Nantes
toujours utilisée...



CRS devant un Bulldozer cassant une barricade en mai 1968
Un des points importants à résoudre après 1968 sera la manière de casser des barricades, tout en étant protégé. L’utilisation de bulldozers va montrer la nécessité de se doter d’engins, avec des lames, pour pouvoir pousser des véhicules mis en travers de la chaussée ou déblayer la chaussée.



Des "VBRG" (Véhicule Blindé sur Roues de la Gendarmerie) arriveront dans les Escadrons Mobiles quelques années plus tard, fruit de la réflexion de mai 68.



EGAME de la Gendarmerie lors d'un exercice
Actuellement de nouveaux véhicules sont expérimentés. 




Gendarmes Mobiles - Mai 1968
L’équipement individuel aussi : comme on peut le voir sur cette photo, les gendarmes mobiles portaient une veste, une cravate, des lunettes de protection contre le gaz lacrymogène, un fusil et une grille pour se protéger le visage…



Gendarmes mobiles équipés de masque à gaz
Les tenues sont plus adaptées pour protéger le corps, le visage, ainsi que les voies respiratoires des forces de l'ordre, comme on peut le voir sur cette photo de gendarmes mobiles.



Policiers et gendarmes mobiles dispersant des manifestants dans une rue de Paris en Mai 68
La manière de repousser les manifestants sera aussi revue… Le coup de crosse du fusil étant plus dangereux, que de repousser avec un bouclier et une matraque…


CRS faisant un bond offensif pour disperser des manifestants
Actuellement, les bonds offensifs, pour faire reculer les manifestants, se font après l'envoi de gaz lacrymogènes.



 Charge de gendarmes mobiles le 11 juin 1968 à Paris
Ces bonds offensifs existaient déjà à l'époque, comme on peut le voir sur cette photo de gendarmes mobiles chargeant des étudiants, qui venaient d'attaquer un commissariat du 5ème arrondissement à Paris, proche de la Place du Panthéon, le 11 juin 1968.




Gendarmes mobiles lors d'un bond offensif
Actuellement, comme déjà dit auparavant, les utilisations de boucliers et de matraques sont plus appropriées que les fusils pour repousser des manifestants violents...




CRS dans une rue de Paris en Mai 68
La manière de se comporter lorsque les lignes de progression sont réalisées a été revue. Comme on peut le voir sur cette photo en mai 68, les CRS sont désorganisés et sont plus dans l’observation que dans la protection de leurs coéquipiers.


Entrainement de Gendarmes Mobiles à St Astier
Les méthodes de progression se font maintenant avec un rôle précis pour chacun.



 
VBRG au centre CNEFG de St Astier
Par la suite sera créé, en 1969, le "Centre National d’Entrainement des Forces de Gendarmerie" à St Astier, dans le centre de la France, pour permettre des entrainements réguliers et un apprentissage sur des méthodes de maintien et de rétablissement de l’ordre dans une fausse ville…



Vous pouvez retrouver l’histoire du maintien de l’ordre en France 
du 19ème siècle à nos jours :

 
>>> Cliquez ici <<<


Manifestants dans la rue en Mai 68
Autre point intéressant lors de ces manifestations violentes entre étudiants et forces de l’Ordre en mai 68 : le profil des manifestants étudiants : Beaucoup n’étaient pas masqués et nombreux étaient issus de groupuscules d’extrême gauche.



Affiche de Mai 68
Ces étudiants contestaient l’idée du productivisme et de la société de consommation, plus soucieuse, selon eux, de la rentabilité et des profits que l’épanouissement personnel. D'autres, entrainés par la ferveur des manifestations, s'en sont pris aux Forces de l'Ordre.



Affiche de Mai 68
Ils sont pour l’individualité, le droit au bonheur sans aucune contrainte, contre les frontières, remettent en cause la hiérarchie, que l’on retrouve dans les bureaux, les usines, la famille, l’école, les autorités, la famille, l’Eglise, l’Etat, toutes les organisations et structures sociales…



Etudiants de l'université de Bekerley en Californie contre la guerre au Vietnam en 1968
De même, ce mécontentement étudiant coïncide avec l'essor des mouvements libertaires étrangers comme avec les étudiants de l'université de Berkeley en Californie,




Manifestations pour les Droits civiques à Memphis aux USA le 29/03/1968
les manifestations pacifiques aux USA pour les droits civiques pour tous,




Manifestation contre la guerre du Vietnam, le 16/03/1968 à Paris
et la dénonciation de l'impérialisme américain, notamment au Vietnam. Ils ont de la sympathie pour les mouvements révolutionnaires.



Affiche de Mai 68
Cependant 2 crises durant Mai 68 coexistaient: une étudiante et l’autre ouvrière, avec parfois des revendications identiques, mais qui ne fusionnèrent pas dans les actions.



Affiche de Mai 68
Pour ces jeunes étudiants, les forces de l’ordre représentaient le bras armé de l’Etat. Et par conséquent, il fallait résister par la violence.
Vous pouvez retrouver sous le lien ci-dessous l’évolution de ces violences :

Evolution de la violence dans les manifestations
>>> Cliquez ici <<< 




Le ministre de l'intérieur, Gérard COLLOMB, à St Astier, le 08/06/18
Le ministre de l'intérieur, Gérard COLLOMB a exposé, le 08 juin 2018, au Centre d'entrainement de St Astier de la Gendarmerie, la doctrine du maintien de l'ordre à adopter lors des prochaines interventions:
Elaborée sur la base des RETEX (Retour d'Expériences) de quatre opérations majeures réalisées ces derniers mois (Bure, Notre Dame des Landes, Gestion des mouvements dans les universités en mai 2018 et la manifestation du 1er mai 2018), la doctrine évolue autour d'un axe majeur:
La judiciarisation des fauteurs de troubles

Vidéo de cette visite du 08/06/2018


Trois principes seront pris en compte:
1- Mieux préparer et anticiper les manoeuvres d'ordre public

2- Garantir l'application pleine et entière du droit

3- Mieux expliquer et toujours plus communiquer 



Gendarmes mobiles éclaboussés par de la peinture lors des émeutes du 01/12/18
Des émeutes sans précédent vont se dérouler fin 2018 et début 2019, lors de manifestations chaque samedi, contre le gouvernement, et qui vont entrainer l'application de la doctrine de tenir à distance:

 
Réflexion sur les Attitudes 
dans le Maintien de l'ordre en France, 
suite aux émeutes de Fin 2018 et début 2019
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Un documentaire sur France 3 fut présenté le 30/04/2018
"68, sous les pavés... les flics"
Avec cet angle original, ce documentaire donne la parole à ceux que l'on a oublié. Alors que tout le monde se souvient des leaders en tête de file à l'image de Cohn-Bendit, qui parle encore des hommes 
qui faisaient face aux insultes et jets de pierres ?
Le réalisateur David KORN-BRZOZA aborde avec impartialité ce sujet sensible, sans légitimer les violences policières, 
mais en apportant un regard nouveau sur les évènements.
>>>  Lien sur ce replay en cliquant ici <<<




Voici enfin trois Vidéos de Mai 68
pour illustrer cet article: 



Archives INA "La semaine des Barricades" du 6 au 13 mai 1968
vue par les Actualités Françaises



Reportage avec un interview du Préfet de Paris de l'époque


Rétrospective pour les 30 ans de Mai 68 en 1998


Voici d'autres sujets 
sur les forces anti-émeutes:


Droits et devoirs 
lors de manifestations en France
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Les violences urbaines dans différents pays occidentaux
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