jeudi 22 mars 2018

Réflexions de l’action policière en mai 68

Réflexions de l’action policière en mai 68

Mise à jour: 06/02/2019



Policiers et gendarmes mobiles dispersant des manifestants dans une rue de Paris en Mai 68
Les violences policières exercées durant la période de Mai 68 ont été souvent avancées par les étudiants, les syndicats et une majorité de français, soit en les voyant directement lors des manifestations, soit par les médias de l’époque.

Archives INA "La semaine des Barricades" du 6 au 13 mai 1968
vue par les Actualités Françaises




Vue d'une rue de Paris en mai 1968 après des affrontements de la nuit
 Durant plus d'un mois, il y a eu des confrontations, surtout dans la ville de Paris, et qui ont occasionné plus de 2.000 blessés parmi les manifestants, dont 200 graves.

On peut également noté qu'au point de vue nationale durant cette période, le chiffre de 5 morts est avancé, par les chroniqueurs de l'époque, lors d'affrontements avec la Police: 
Un homme le 24 mai 1968 à Paris, un second le 30 mai 1968 dans le Calvados, un troisième le 10 juin 1968 à Meulan dans les Yvelines, et deux hommes le 11 juin 1968 à Sochaux dans le Doubs.

Les Forces de l'Ordre, eux, auront plus de 1.360 blessés dont 460 gendarmes mobiles.

CRS dans une rue de Paris en Mai 68
Remettons dans le contexte cette période donnée : Trois forces policières sont présentes durant les émeutes en mai 1968 sur PARIS : la première est la police de Paris avec différents services, la deuxième représentée par les Compagnies Républicaines de Sécurité et la troisième par les gendarmes mobiles.


Gendarme Mobile blessé, évacué par 2 de ses camarades dans une rue de Paris en Mai 68
Les manifestants n’ont jamais employé d’arme à feu et il y eu très peu de morts, malgré les violences. Mais les blessés parmi les forces de l’ordre furent très importants : Dans les nuits les plus violentes, il a été compté plus de 480 policiers blessés dans la nuit du 6 au 7 mai, plus de 260 policiers blessés dans la nuit du 10 au 11 mai dont 18 policiers grièvement blessés, plus de 380 policiers blessés dans la nuit du 24 au 25 mai et plus de 160 policiers blessés dans la nuit du 11 au 12 juin.


Policiers dans le Quartier Latin, à Paris, en mai 68 
En face, des centaines de personnes ont été hospitalisées. Les violences occasionnées par la police pour rétablir l’ordre ont marqué l’opinion publique. Celle-ci prenant partie pour les victimes civile d’un système gouvernemental répressif selon eux.


Manifestant jetant un pavé sur un fourgon de police en mai 68
Le Général de GAULLE, alors président de la République est pour une fermeté face aux manifestants. Le ministre de l’intérieur du moment, Christian FOUCHET, pense qu’il ne s’agit que d’un petit mouvement étudiant sans aucun lien et qu’il faut laisser les pleins pouvoirs au Préfet de Police de Paris, Maurice GRIMAUD, qui en parlera dans son livre paru en 1977 : « En mai, fais ce qu’il te plait »

Reportage avec un interview du Préfet de Paris de l'époque


Evacuation de la Sorbonne par les forces de l'Ordre le 3 mai 1968
Après avoir évacué la Sorbonne le 3 mai sur demande du Recteur, des heurts commencent entre policiers et manifestants. En effet, les policiers pensent qu'il faut évacuer avec force les jeunes étudiants, pour qu'ils se dispersent et ne restent pas autour de la Faculté de lettres de la Sorbonne. En faite, c'est tout le contraire qui se produit: ceci entrainera une réaction tout aussi violente de leur part…


Manifestants en mai 68
Et les violences vont continuer. Au matin du 6 mai, des accrochages recommencent dans le Quartier latin, suite à la venue de plus de 6.000 manifestants qui tentent de passer les barrages de police.


CRS et camions pompe dans une rue de Paris en mai 68
Le 7 mai, le préfet de Police autorise cependant une manifestation afin de calmer les esprits. Malheureusement plus de 10.000 manifestants débordent le périmètre tenu par la Police et les heurts reprennent. Ces violences répétitives commencent à inquiéter les autorités.


Manifestants dans une rue de Paris en Mai 68
D’autant que c’est un commandement central qui dirige toutes les manœuvres dans la capitale : c’est en effet un commissaire de police parisien qui dirige les trois forces de police. Les officiers CRS et gendarmes mobiles sont sceptiques sur ce commandement. En effet, les ordres viennent d’une salle centrale de commandement par radio, qui laisse peu d’initiative aux officiers sur le terrain, et qui donnera en retard des ordres de mouvements, alors que les étudiants et manifestants violents sont très mobiles.


Manifestants jetant des projectiles en direction de CRS dans une rue de Paris en mai 68
Des rapports de l’époque l’indiquent d’ailleurs, comme ces extraits de rapports quotidiens retrouvés par des journalistes de l’EXPRESS suite à l’accès aux archives des Renseignements Généraux (RG) : Un commissaire rapporte : « Ces groupes organisés sont extrêmement durs et mobiles et ne sont retenus par aucune considération morale et sociale (…) Si le courage physique de nos unités comme des autres formations (Gardes mobiles ou CRS engagés) est très grand, notre matériel s’avère toutefois peu adapté à des actions adverses violentes. Il serait utile, sur les grands axes, de disposer de véhicules protégés ne craignant ni la crevaison, ni les obstacles et pouvant abriter la progression à pied. »


Vous pouvez lire d'autres extraits d'archives, que des journalistes de la revue "L'EXPRESS" ont pu consulter de ces jours, en lisant des rapports quotidiens de commissaires du Quartier Latin, des fiches RG sur l'évacuation de la Sorbonne, des conversations radio des "nuits des barricades"
>>> en cliquant ici <<<


Forces de l'ordre repoussant des manifestants dans une rue de Paris en mai 68
De par ces ordres, avec un commandement central, les mouvements de police sont au plus près des manifestants, en contact physique avec eux, et ils ne peuvent pas réaliser des charges, comme cela se faisait auparavant. Ce contact avec les manifestants va générer plus de violences avec des coups de matraques.


Pompiers éteignant un feu sur un obstacle dans une avenue de PARIS en mai 68
Si bien que rapidement, on se rend compte que le mouvement ne s’arrêtera pas de si tôt, la violence appelant la violence...



Individus dépavant une rue dans PARIS en mai 68
D'autant plus que les manifestants s'organisent chaque jour, pour affronter les forces de police, avec toutes sortes de projectiles... L'un des slogans d'ailleurs sera: 
"Sous les pavés, la plage..." 
(Clin d'oeil sur le sable qui était posé sous les pavés comme système drainant...)


Policier utilisant sa matraque en mai 68
Les photos et reportages filmés, montrant des manifestants tapés alors qu’ils sont au sol, vont faire basculer l’opinion qui va prendre parti pour les manifestants, donnant l’effet inverse recherché…



CRS tirant une grenade lacrymogène - Mai 1968
Des tractations auront lieu avec le ministre de l’Education Nationale, Alain PEYREFFITE, le 9 mai, mais elles vont échouer. Le 10 mai, les policiers se retrouvent devant 10.000 manifestants. Les ordres données aux Forces de police sont de ne pas bouger et de les tenir à distance avec les gaz lacrymogènes.


Nuit du 10 mai 1968 à Paris avec des Forces de l'ordre progressant sur une barricade
Cependant, dans la nuit du 10 au 11 mai, la Police entre en action pour évacuer les manifestants du Quartier Latin, car pour les autorités, il est hors de question d'avoir un camp retranché en plein PARIS…



 Voitures abimées et calcinées dans une rue de Paris au matin du 11 mai 1968
De nouveau, les médias de l’époque montrent l’étendue des dégâts: voitures incendiées mobiliers urbains détruits, pavés arrachés, grilles d’arbres et objets en tout genre juchés sur des barricades…


Manifestants sur la Place de la République le 13 mai 1968
Pour calmer les esprits, le premier Ministre de l'époque, Georges POMPIDOU, décide de libérer des étudiants qui avaient été condamnés et de rouvrir la Sorbonne. Le 13 mai une manifestation avec des centaines de milliers de personnes défilent (les chiffres allant selon les syndicats de 800.000 à 900.000 et pour la police de 190.000 à 210.000). Ce fut, à cet instant le plus gros défilé depuis la libération de PARIS en 1944…


Manifestants dans une rue de Bordeaux en Mai 68
Le pays est, par la suite, paralysé avec des manifestations d’ouvriers et d’étudiants aussi en province.


Manifestants dans une rue de PARIS en Mai 68
Malgré un calme relatif, d’autres émeutes auront lieu dans les nuits du 23 et 24 et du 24 et 25 mai. De même dans des grandes villes françaises, des heurts auront lieu. Le 24 mai, à Lyon, un commissaire de police est tué par un camion lancé à toute vitesse sur des policiers, et un homme est tué à PARIS suite à un éclat de grenade…


Policiers repoussant des manifestants dans une rue de Paris en Mai 68
Le préfet de police GRIMAUD écrira une lettre aux policiers de la Préfecture de Police :  «  Je sais (…) que dans votre immense majorité, vous condamnez certaines méthodes. (…) Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu’ils sont conduits dans les locaux de police pour y être interrogés. »


 
VBRG au centre CNEFG de St Astier
De nombreuses réflexions et actions seront tirées, par la suite, de ces émeutes de mai 68, et la gendarmerie créera, dès 1969, un centre d’entrainement : le CNEFG (Centre national d’Entrainement des Forces de Gendarmerie).



Gendarmes Mobiles - Mai 1968
De même, les équipements des policiers  et des gendarmes seront améliorés.


4 Véhicules Blindés sur Roues de la Gendarmerie (VBRG)
Enfin, la volonté de mieux préparer les policiers, CRS et gendarmes, dans leurs interventions, ainsi que de limiter au maximum le contact, sera mise en place pour ne pas dégrader l’image des Forces de l’Ordre et celle du Gouvernement.



Gendarmes mobiles éclaboussés par de la peinture lors des émeutes du 01/12/18
Des émeutes sans précédent vont se dérouler fin 2018 et début 2019, lors de manifestations chaque samedi, contre le gouvernement, et qui vont entrainer l'application de la doctrine de tenir à distance:

 
Réflexion sur les Attitudes 
dans le Maintien de l'ordre en France, 
suite aux émeutes de Fin 2018 et début 2019
>>> Cliquez ici <<<

Vous pouvez retrouver sur ce lien l'évolution des moyens de police:


Retrouvez également sur ce lien ci-dessous
 la méthodologie actuelle:

Voici une Vidéo présentant une rétrospective de Mai 68
pour illustrer cet article: 

Rétrospective pour les 30 ans de Mai 68 en 1998


Vous pouvez retrouver l’histoire du maintien de l’ordre en France du 19 siècle à nos jours :

 
>>> Cliquez ici <<<





Un documentaire de David KORN-BRZOZA, sur France 3,
avait présenté la vision côté forces de l'ordre en avril 2018
"68, sous les pavés... les flics"
Avec cet angle original, ce documentaire donne la parole à ceux que l'on a oublié. Alors que tout le monde se souvient des leaders en tête de file à l'image de Cohn-Bendit, qui parle encore des hommes 
qui faisaient face aux insultes et jets de pierres ?
Le réalisateur David KORN-BRZOZA aborde avec impartialité ce sujet sensible, sans légitimer les violences policières, 
mais en apportant un regard nouveau sur les évènements.



Voici d'autres sujets 
sur les forces anti-émeutes:

Droits et devoirs 
lors de manifestations en France

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Les violences urbaines dans différents pays occidentaux
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Découvrez sur "GSG9 1/87":


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Découvrez aussi sur "GSG9 1/87"
 des dioramas sous différentes échelles:

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et la web série au 1/87

" GSG9 1/87 - Unité spéciale "







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